Caractère
« Trois chinois (Chu, Fu et Su) émigrent vers les Etats-Unis.
Ils veulent américaniser leur nom.
Chu se fait appeler Chuck.
Fu et Su décident de retourner en Chine. »
Il n’y a pas vraiment à chercher très loin pour comprendre pourquoi Hsi n’a jamais été un grand sociable. A être trop bercé par des commentaires tous plus racistes et cruels les uns que les autres, deux options se distinguent très rapidement :
- se laisser faire ;
- ignorer.
Le choix n’a pas été bien compliqué pour lui, même haut comme trois pommes. Une aptitude innée à l’indifférence et un visage figé dans le marbre, deux qualités qui lui ont valu quelques poings dans la gueule, mais surtout pas mal de désintérêt. Bon, il y a sûrement eu davantage que « quelques » poings, mais mémoire sélective oblige (et quelques cocards bien faxés), Hsi met généralement ça sur le fait que sa tronche de pierre finissait par lasser même les plus tenaces.
Adolescent, il a encore le souvenir presque comique de l’un de ses camarades de classe qui en lisant les fameux « Trônes de fer » n’avait pas pu s’empêcher de tirer la comparaison entre « Le Mur » et Hsi. Fait de glace, implacable, indestructible. [spoiler alert] Jusqu’à ce que non. [/spoiler alert]
En somme, être froid, qualifié de tous les synonymes légitimes (glacial), ou non (frigide), mais ayant un rapport (glaçon ?), c’est un truc auquel le petit gars est clairement habitué. Pas un sourire, même un rictus. Et encore, il a la vilaine manie d’être trop plein de sarcasme et d’ironie même dans les pires circonstances… Un facteur qui associé à sa charmante attitude de porte de prison (on avait précisé, pires circonstances), le rend très facilement plus qu’antipathique. Un point qu’il estime plus que positif. Ca garde les curieux et les lourds éloignés, soulignera-t-il en tirant sur une énième cigarette. Agrémenté d’un pansement encore sali de sang. Champion du monde des embrouilles parce qu’il ne sait définitivement pas fermer sa tronche quand il le faudrait. Non non, on ne parle pas ici d’une grande gueule. Juste d’un type un peu trop opiniâtre et sec. Un cocktail qu’on peut dire Molotov sans hésitation.
Et donc, derrière cette forteresse, on trouve quoi ? Pas grand-chose, Hsi interjetterait sans sourciller. Une réponse facile. En réalité, il n’aurait pas forcément tellement tort. Sa carapace prend le pas sur le reste de sa personne d’une façon si imposante qu’il faut avoir supporté son indifférence apparente un moment avant de pouvoir apercevoir les premiers traits le dissociant d’un frigidaire à forme humaine.
A commencer par une incapacité totale à exprimer correctement ses sentiments. Il n’est pas à l’aise avec les démonstrations d’affection public. Avec le contact physique non plus. Ce qui le rend d’autant plus inaccessible. Tout ça, il le tient de son éducation. Peu habitué aux comportements tendres ou délicats, il est ce qu’on peut appeler un genre de brute de décoffrage. Quand bien même au fond, Hsi est avant tout et surtout un bon garçon. Il veut le bien. Ne tient pas spécialement à heurter les autres. C’est juste qu’ils n’ont pas du tout les mêmes seuils de tolérance. Dur dur d’intégrer que l’on n’est pas tous fait à partir de la même base de granit.
Ca c’est ce qu’il dit par principe. Autrement, il est clairement aussi fidèle qu’un bon chien. Un peu (trop) taciturne et parfois blagueur (ou pas). Il a surtout à cœur de faire les bonnes choses. On vous a dit. Tout est une question d’éducation. Et il a été élevé à protéger et aider ses proches et son prochain. Ça peut paraître un sacré paquet de monde sur le principe, mais hey, on fait avec les moyens du bord.
Sinon ? Il a la mauvaise tendance de vivre de second degré, de ne jamais rien prendre trop au sérieux de prime abord, et a une sacrée tête à claque si on y prête un peu trop attention. Un gars charmant, pour résumer.
Jusqu’à ce qu’on apprenne à vraiment le connaître.